mercredi 15 août 2007

Afrique du Sud: deux médecins suspendus après le renvoi d'une vice-ministre

Afrique du Sud: deux médecins suspendus après le renvoi d'une vice-ministre

JOHANNESBURG - Deux hauts responsables hospitaliers en Afrique du Sud ont été suspendus de leurs fonctions, emportés dans la crise issue du renvoi d'une vice-ministre de la Santé très critique envers l'action du gouvernement.

La directrice médicale de l'hôpital public d'East London (sud-est), Nokuzola Ntshona, et son directeur exécutif, Naran Pandey, ont été suspendus ce week-end et font l'objet d'une procédure disciplinaire, a indiqué mercredi à l'AFP Fizwe Kupelo, porte-parole du département de la Santé de la province du Cap Oriental.

Leur hôpital, dont les mauvaises conditions sanitaires avaient fait l'objet d'une série d'articles dans la presse, est au coeur de la crise au ministère de la Santé.

La vice-ministre de la Santé, Nozizwe Madlala-Routledge, avait évoqué à son sujet une "urgence nationale", en contradiction avec les propos rassurants de sa ministre de tutelle. Lui reprochant de ne pas respecter la solidarité gouvernementale, le président Thabo Mbeki l'a limogée la semaine dernière.

Pour M. Kupelo, "la suspension des deux responsables n'a rien à voir avec le renvoi de la vice-ministre. Il s'agit simplement de questions opérationnelles internes".

Il reproche pourtant à Mme Ntshona d'avoir "donné des informations inexactes à la presse".

Celle-ci, qui partageait l'opinion de la vice-ministre limogée sur l'état de son hôpital, nie avoir parlé aux médias.

"Ma suspension est motivée par une lettre envoyée au président. J'ai écrit que la ministre de la Santé omettait un certain nombre de défaillances graves. L'état de l'hôpital est aussi déplorable que décrit par la vice-ministre", a-t-elle déclaré au quotidien Business Day.

Le renvoi de la vice-ministre Nozizwe Madlala-Routledge, militante d'une approche scientifique de la lutte contre le sida à contre-courant de la ligne officielle, a suscité une polémique en Afrique du Sud.

Le président Mbeki a été accusé de faire preuve d'autoritarisme et de nier l'ampleur des problèmes sanitaires du pays.

Par ailleurs, la ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang, a engagé des poursuites pour récupérer son dossier médical, dont des extraits ont été cités dimanche par le Sunday Times.

Le journal, en s'appuyant sur ce document, a révélé qu'elle avait introduit de l'alcool dans sa chambre d'hôpital et bu du vin avant une intervention chirurgicale à l'épaule en 2005, ce que dément la ministre.

Mme Tshabalala-Msimang -- surnommée "Dr Betterave" pour avoir prôné une alimentation riche en végétaux pour lutter contre le sida -- a subi une greffe du foie il y a trois mois.

(©AFP / 15 août 2007 13h55)

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vendredi 25 mai 2007

SIDA en Afrique: le manque d'infirmières et de médecins tue

Le manque de personnel médical constitue l'un des principaux obstacles à l'accès de la population aux traitements contre SIDA en Afrique, ce qui se traduit par un nombre invérifiable de morts pourtant évitables, selon Médecins sans frontières (MSF).

Si le nombre de personnes traitées a grimpé de 100.000 en 2003 à 1,3 millions en 2006, la pénurie de médecins et infirmières met en péril la distribution des thérapies aux patients, estime l'organisation internationale dans un rapport publié jeudi soir.

"La communauté internationale dit qu'elle veut arriver à l'accès universel et à Khayelitsha nous en étions près, mais à un certain moment les choses ont commencé à s'effondrer", explique Eric Goemaere, responsable de MSF en Afrique du Sud, dans un bidonville en expansion du Cap. "Nous sommes complètement saturés. Nous sommes revenus avec des listes d'attente et on a l'impression à nouveau de perdre la bataille."

On compte près de 40 millions de malades du SIDA dans le monde, 4,3 millions de personnes nouvellement infectées et près de trois millions de morts en 2006, rappelle MSF. L'Afrique du Sud est l'un des pays les plus durement frappés. Or malgré les progrès de l'accès aux traitements, plus de 70% des Africains infectés attendent toujours.

A la clinique installée par MSF dans le bidonville de Khayelitsha, où environ 30% des adultes sont contaminés, près de 6.000 attendent de bénéficier d'une thérapie rétro-virale. Par manque de personnel médical principalement, le nombre de personnes entamant un traitement chaque mois est tombé de 270 en mai 2006 à 100 en décembre. Nombre d'infirmières partent pour le secteur privé ou à l'étranger, où les salaires sont plus corrects. MSF appelle d'ailleurs les gouvernements à donner davantage pour la formation et la rémunération du personnel médical, et pas seulement les traitements et les hôpitaux, qui ne peuvent fonctionnent qu'avec du personnel qualifié.

On compte 393 infirmières et 74 médecins pour 100.000 personnes en Afrique du Sud, mais une grande partie de ces professionnels travaillent dans le privé et très peu dans les zones rurales. Au Lesotho, également ravagé par le SIDA, on recense 5 médecins et 63 infirmières pour 100.000 personnes, au Malawi, 2 médecins et 56 infirmières, et au Mozambique, trois médecins et 20 infirmières. AP

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samedi 28 avril 2007

Sida: médicament efficace ou pas?

Alors que le ministère de la santé traîne à homologuer son produit, le distributeur de Aurea Cento 100, le découvre dans la rue.

Ikome Lyonga Batiston, promoteur de Welu Entreprise Limbe, une entreprise basée à Limbe dans la province du Sud-Ouest et distributeur au Cameroun du médicament Aurea Cento 100, utilisé dans le traitement des effets du Vih-Sida, est aux abois. Et pour cause ? Le ministre de la Santé publique n’a toujours pas signé l’autorisation d’homologation de ce produit qui a pourtant reçu le certificat d’efficacité. Le 24 juillet 2002 en effet, le doyen de la faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé I, Peter Ndumbe, reconnaissait, après des analyses effectuées dans les laboratoires de cette institution, que le produit a une fonction de restauration du système immunitaire.

Cependant, au ministère de la santé, le certificat d’efficacité n’aurait pas, par ailleurs, totalement satisfait le ministre qui soutient que le produit augmente plutôt la charge virale chez les patients l’ayant utilisé. Mais aucune action n’a été engagée contre le promoteur de Welu Entreprise Limbe pour stopper la distribution de ce médicament sur le territoire camerounais.

Mais pourquoi donc, après lui _avoir vivement conseillé de procéder à la présentation publique de ce produit, le ministre de la Santé publique a finalement opéré une volte face? Les informations contenues dans les correspondances du ministre au promoteur de Welu Entreprise Limbe restent vagues : "Je suis surpris, de votre démarche dans un domaine de santé publique où on ne peut pas intervenir sans un minimum de discipline. Par conséquent, je vous demande de bien vouloir surseoir à cette cérémonie et d’enlever vos banderoles en attendant de convoquer une réunion de concertation avec les experts du ministère de la Santé publique ", écrit le ministre à Ikome Lyonga Batiston, alors que toutes les dispositions avaient déjà été prises pour la cérémonie de présentation de ce produit qui devait avoir lieu en début du mois de mai 2003 à l’hôtel Mont Febe. Entre temps, affirme le promoteur de Welu Entreprise Limbe, Aurea Cento 100 est vendu dans certains hôpitaux au prix de 25.000 francs Cfa le flacon de 30 ml.

" Je ne sais pas si ce produit est vraiment distribué. Et puis, je ne connais pas le malade qui irait acheter un médicament à 25.000 francs Cfa, alors qu’à côté il y a ceux qui coûtent 3.000 francs Cfa ", explique le directeur de l’hôpital Laquintinie de Douala. En retraçant le parcours que suivent en principe les anti-rétroviraux, le Dr Jérémie Sollé affirme que " tous les médicaments sont subventionnés par le gouvernement. A ce titre, les délégations provinciales adressent la demande au ministère qui la fait parvenir au Cename. Les hôpitaux prennent les médicaments au niveau du Cape à la délégation provinciale de la Santé et ne traitent pas directement avec les vendeurs des médicaments".

Alors que la situation n’a pas encore été tirée au clair, Ikome Lyonga Batiston découvre que le produit a été récupéré et distribué au Cameroun par d’autres personnes. Il porte alors plainte contre six personnes : deux Camerounais (Les Dr Fomiyen Ngu Edward et Kingue Tompson) et quatre Allemands (Gerd Ludwig, Uwe Westerwinter, Helmut Haneklaus et Manfred Leigers, ses partenaires dans l’affaire) pour " violation de droit de patente, de représentation frauduleuse et de détournement des revenus ". Qu’adviendra-t-il donc de ce médicament après la date du 1er mai prochain? Car, pour être désormais distribué au Cameroun comme les autres anti-retroviraux, le gouvernement doit non seulement subventionner Aurea Cento 100, mais le racheter entièrement.

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