jeudi 18 septembre 2008

Congo: les nuages s'amoncellent à l'Est!

Par KongoTimes!


Le ton est brusquement monté entre les principaux acteurs de la scène orientale de la RDC. Alors que des combats ont repris, que Nkunda exige l’évaluation des résultats de la Conférence de Goma, le Rwandais Paul Kagamé s’en prend violemment aux autorités congolaises, qui n’ont toujours pas trouvé les mots qu’il faut pour remettre les pendules à l’heure.

Cela se murmure dans les représentations diplomatiques et les missions résidentes des institutions internationales et des agences de l’ONU. Où l’on s’étonne que la RDC officielle n’ait pas fait montre d’une grande compassion et de beaucoup de solidarité à l’occasion du récent crash de Bukavu dans lequel on péri des agents du personnel humanitaire…

Une bourde diplomatique de trop ? Seul l’avenir le dira…Reste que les victimes du crash de Bukavu sont mortes alors qu’elles étaient en mission dans cet Est de la RDC passé depuis plus d’une dizaine d’années bientôt au statut de foyer d’instabilité et zone de détresse.

Pour preuve, la nouvelle poussée de fièvre caractérisée par le retour aux affrontements armés entre différents protagonistes de cette guerre qui n’en finit pas. La conférence de Goma sur la paix, la sécurité et le développement dans les Kivu, tout comme l’Acte d’engagement et le programme Amani qui en ont été le corollaire logique auraient donc bruyamment volé en éclats.

Pire, le ton est brusquement monté entre les principaux acteurs de la scène orientale de la RDC. Des ministres se sont publiquement interrogés sur le rôle et la mission de la Monuc en RDC. D’autres ont appelé celle-ci à imposer la paix par la force. Enfin, alors que la population « manifestait » contre la force de l’ONU la semaine dernière dans certaines localités du Nord-Kivu, des officiels congolais ont appelé à la mise en place d’une opération « Artémis » pour sécuriser la zone, signe à la fois de nervosité et d’impuissance.

Rupture de la confiance

En guise de réponse, la Monuc a parlé de manipulation de la population. Une accusation gravissime que les autorités congolaises n’ont même pas tenté de récuser, au risque d’être à leur tour accusées de mauvaise foi. Mais la mission onusienne ne s’est pas limitée là.

Elle est allée, par la bouche de son commandant en chef, Babacar Gaye dans une interview à Radio Okapi, jusqu’à faire des révélations sur les nouvelles positions acquises par les Fardc après les derniers affrontements, ainsi qu’à soulever des interrogations sur le sérieux avec lequel est conduit le programme Amani. En fait, une manière comme une autre de tordre subtilement le coup à certaines idées reçues.

Bref il y a aux yeux des analystes comme une rupture de confiance, qui fait craindre le retour de la guerre comme moyen de faire bouger les lignes. Ce que pourrait du reste suggérer à certains esprits le bilan somme toute discutable de huit mois de programme Amani. Les groupes armés sont toujours opérationnels. Les réfugiés et les déplacés n’ont pas rejoint leurs milieux naturels.

L’armée est toujours loin de l’intégration souhaitée, et les leaders des différents mouvements qui opèrent sur le terrain n’ont pas le sentiment d’avoir ni tiré les dividendes politiques ni les garanties sécuritaires et judiciaires, en termes d’amnistie, de leur signature de l’Acte d’engagement.

Pour les observateurs, les questions soulevées par Babacar Gaye ont, au minimum, un mérite. Elles apportent non seulement des réponses à certaines interrogations de l’opinion, mais elles jettent aussi et surtout un nouvel éclairage sur ce que pourrait être, dans les jours et semaines à venir, la doctrine de la Communauté internationale face à la crise de l’Est de la RD Congo.

En d’autres termes, la crainte serait de voir Nkunda s’investir dans un activisme pour le moins intéressé sinon opportuniste au profit d’une nouvelle dynamique que ne dédaignerait pas nécessairement la Communauté internationale, et qui serait l’expression de la lassitude de cette dernière face à l’absence de progrès concrets non seulement dans l’ensemble du processus de paix mais aussi et surtout dans la mise en œuvre du programme Amani, dont les animateurs sont de plus en plus accusés de s’embourgeoiser.

Le pavé de Kagamé

De là à opposer l’absence de volonté politique de la part de Kinshasa à la capacité d’organisation dont ferait montre le CNDP dans les zones sous son contrôle, ou encore au manque de garanties sécuritaires pour les réfugiés et les déplacés, on se retrouverait, brutalement, devant l’hypothèse d’un Kosovo à la congolaise comme aire d’expression et de sécurité pour les minorités à tort ou à raison considérées comme brimées dans un ensemble qui leur serait globalement hostile.

On comprend donc comment et pourquoi le chef de l’Etat rwandais a jugé utile d’enfoncer le clou dans un contexte qui a tendance à mettre en avant ce qu’il appelle déficit de management, absence de volonté politique et excès de manipulation de la part des autorités congolaises.

Au demeurant, tout porte à croire, en lisant l’interview que le leader rwandais vient d’accorder au quotidien bruxellois « Le Soir », que ce dernier connaît bien le Congo et les Congolais, leurs points forts mais surtout leurs grandes faiblesses.

Que Paul Kagamé tout comme Laurent Nkunda sait lire les tendances en cours au sein de la Communauté internationale, au point qu’il n’a pas hésité à jeter un véritable pavé dans la mare afin de susciter un nouveau rapport de force qui lui serait favorable ou, à tout le moins, qui aiderait à fragiliser la position des autorités congolaises.

Lesquelles lui ont fait une sorte de cadeau en n’affichant pas leur solidarité avec les victimes du crash de l’avion des humanitaires à Bukavu, et surtout en ne prenant pas des gants pour se lancer dans une nouvelle série d’attaques verbales contre la mission de l’ONU en RDC.

Le nouvel appel de l’Est pourrait donc être la confirmation de l’impuissance des Congolais face à la crise. Mais aussi l’expression d’une volonté délibérée de certains acteurs de faire bouger les lignes en leur faveur.



Kenge Mukengeshayi

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