dimanche 21 septembre 2008

la guerre de la secheresse

ISIOLO, 19 septembre 2008 (IRIN) - A mesure que le conflit lié à la sécheresse s’intensifie dans le nord du Kenya, les affrontements pour l’exploitation de l’eau et des pâturages qui sévissent depuis plusieurs jours à la lisière de la commune d’Isiolo et du territoire Samburu ont fait au moins six morts et des centaines de déplacés.

« Jusqu’ici, nous avons réussi à retrouver six corps, mais nous pensons qu’il pourrait y en avoir d’autres dans la brousse », a indiqué à IRIN Marius Tum, commissaire principal de la police d’Isiolo. Les corps retrouvés étaient criblés de balles.

« D’autres attaques ont été signalées la nuit dernière [...] les bêtes qui étaient trop faibles pour se déplacer ont également été abattues », a rapporté Raphael Lekilua, leader local de Samburu.

Ces affrontements opposent les éleveurs borana et samburu. Le conflit a également provoqué des déplacements de population. « Les populations se sont éloignées de Kom et Sabarwaiwai, les deux seuls pâturages », a expliqué M. Lekilua.

Ces deux zones sont réservées au pâturage en cas de sécheresse. Le bétail mourra si le gouvernement n’intervient pas pour aider [les personnes qui ont fui] à rentrer chez elles, a-t-il affirmé, ajoutant qu’au moins 200 familles samburu avaient fui.

« Ces affrontements ne sont rien de plus qu’une lutte pour l’obtention de l’eau et des pâturages. Chaque camp essaie de déloger l’autre de la région », a résumé Ahmed Mohamed, responsable du Programme de soutien et de réhabilitation des nomades, une organisation non-gouvernementale (ONG) locale.

Selon Ahmed Mohamed, au moins un millier de personnes ont été déplacées à Isiolo. « Ils ont besoin d’aide d’urgence pour pouvoir retourner dans le champ, qui doit être partagé entre tous les éleveurs nomades de la région ».

Les affrontements, a-t-il observé, ont également entraîné des pénuries alimentaires, la production de lait ayant chuté. Du personnel de sécurité a été déployé dans les zones touchées de Kom et Sabarwaiwai.

Le nord du Kenya est actuellement en proie à une sécheresse grave, qui a donné lieu à une intensification du conflit pour l’obtention des maigres ressources de la région au sein d’une population principalement composée d’éleveurs.

Au moins 13 personnes ont trouvé la mort, récemment, au cours d’affrontements entre clans pour l’obtention de l’eau dans la région voisine de Mandera.

na/aw/mw/nh/ail

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vendredi 19 septembre 2008

Alerte aux pirates!

Alerte rouge sur le Ville de Québec, Mogadiscio en vue
SOMALIE - 18 septembre 2008 - AFP
Soulagé, le commandant de la frégate canadienne Ville de Québec observe le cargo chargé d'aide entrer dans le port de Mogadiscio et donne l'ordre de lever le niveau d'alerte rouge à bord, activé par crainte d'attaque à la roquette.

"Je me sens toujours soulagé à ce moment-là. Et quand je repars (vers le port kényan de Mombasa), je n'attends qu'une seule chose, revenir", explique le commandant Chris Dickinson depuis le poste de pilotage.

Une heure et demie plus tôt, la frégate avait été placée en niveau d'alerte jaune puis rouge à l'approche des côtes somaliennes, modifiant sensiblement l'ambiance habituellement décontractée de ses coursives.

En l'espace de quelques minutes après l'annonce radio du passage en mode jaune, le silence s'installe, laissant la place au ronronnement des machines, des hommes en gilet pare-balles et fusil d'assaut en bandoulière font leur apparition. Le navire vient d'entrer dans les eaux territoriales somaliennes.

Dans le poste de commandes, des officiers concentrés, casques et gilets pare-balle de rigueur, supervisent le déroulement des étapes, minutées, qui marquent la fin de la mission.

Tandis qu'un hélicoptère part en reconnaissance au-devant de la frégate, une embarcation rapide est mise à l'eau à six milles nautiques de Mogadiscio pour récupérer une équipe d'hommes en armes à bord du cargo affrété par le PAM, Le Golina, situé à quelques centaines de mètres à tribord.

Puis le Ville de Québec s'immobilise à environ deux milles des côtes. Il n'ira pas plus loin.

"Lorsque nous sommes en mer, le danger vient des pirates. Mais quand nous arrivons près des côtes, il change de nature: c'est les combats à terre et le risque d'une attaque terroriste", explique le commandant Dickinson.

Bateau piégé qui viendrait se faire exploser contre la coque, roquettes tirées depuis la côte, les risques sont réels selon le commandant.

Mais cette fois-ci, seule une barque de pêcheurs non loin de l'entrée du port suscitera l'inquiétude passagère des officiers.

Deux embarcations rapides avec à leur bord des soldats ougandais de la Mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom) viennent alors au devant du Golina pour l'escorter dans le port.

Le Ville de Québec peut faire demi-tour et rejoindre Mombasa en attendant l'arrivée d'un autre cargo affrété par le PAM en provenance de Durban (Afrique du Sud) et à destination lui-aussi de Mogadiscio.

Pour les quelque 4.000 tonnes de sorgho, de bouillie énergétique et d'huile de cuisine du chargement du PAM, le plus dur commence.

"A partir du moment où le chargement arrive en Somalie, à Mogadiscio ou Merka (à environ 80 km au sud de la capitale), nous devons nous assurer tout d'abord qu'il n'est pas pillé dans les entrepôts", a expliqué par téléphone à l'AFP le directeur du PAM pour la Somalie, Peter Goossens.

"Puis, bien sûr, il faut qu'il atteigne sa destination finale. On doit alors s'occuper des contrats de transport, faire face aux divers barrages routiers et aux milices que l'on croise en chemin", ajoute-t-il, le tout moyennant des pots-de-vins.

"Et le problème, c'est que non seulement nous transportons de la nourriture mais il y a le personnel qui l'accompagne. L'un deux a été tué il y a deux semaines et deux autres blessés par balle. Voilà l'ensemble des complications lorsque vous travaillez en Somalie", décrit M. Goossens.

Six chauffeurs somaliens du PAM ont été tués depuis le début de l'année en Somalie, pays en guerre civile depuis 1991 et dont 40% de la population nécessitera une aide humanitaire d'ici la fin de l'année selon l'ONU.

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jeudi 18 septembre 2008

Congo: les nuages s'amoncellent à l'Est!

Par KongoTimes!


Le ton est brusquement monté entre les principaux acteurs de la scène orientale de la RDC. Alors que des combats ont repris, que Nkunda exige l’évaluation des résultats de la Conférence de Goma, le Rwandais Paul Kagamé s’en prend violemment aux autorités congolaises, qui n’ont toujours pas trouvé les mots qu’il faut pour remettre les pendules à l’heure.

Cela se murmure dans les représentations diplomatiques et les missions résidentes des institutions internationales et des agences de l’ONU. Où l’on s’étonne que la RDC officielle n’ait pas fait montre d’une grande compassion et de beaucoup de solidarité à l’occasion du récent crash de Bukavu dans lequel on péri des agents du personnel humanitaire…

Une bourde diplomatique de trop ? Seul l’avenir le dira…Reste que les victimes du crash de Bukavu sont mortes alors qu’elles étaient en mission dans cet Est de la RDC passé depuis plus d’une dizaine d’années bientôt au statut de foyer d’instabilité et zone de détresse.

Pour preuve, la nouvelle poussée de fièvre caractérisée par le retour aux affrontements armés entre différents protagonistes de cette guerre qui n’en finit pas. La conférence de Goma sur la paix, la sécurité et le développement dans les Kivu, tout comme l’Acte d’engagement et le programme Amani qui en ont été le corollaire logique auraient donc bruyamment volé en éclats.

Pire, le ton est brusquement monté entre les principaux acteurs de la scène orientale de la RDC. Des ministres se sont publiquement interrogés sur le rôle et la mission de la Monuc en RDC. D’autres ont appelé celle-ci à imposer la paix par la force. Enfin, alors que la population « manifestait » contre la force de l’ONU la semaine dernière dans certaines localités du Nord-Kivu, des officiels congolais ont appelé à la mise en place d’une opération « Artémis » pour sécuriser la zone, signe à la fois de nervosité et d’impuissance.

Rupture de la confiance

En guise de réponse, la Monuc a parlé de manipulation de la population. Une accusation gravissime que les autorités congolaises n’ont même pas tenté de récuser, au risque d’être à leur tour accusées de mauvaise foi. Mais la mission onusienne ne s’est pas limitée là.

Elle est allée, par la bouche de son commandant en chef, Babacar Gaye dans une interview à Radio Okapi, jusqu’à faire des révélations sur les nouvelles positions acquises par les Fardc après les derniers affrontements, ainsi qu’à soulever des interrogations sur le sérieux avec lequel est conduit le programme Amani. En fait, une manière comme une autre de tordre subtilement le coup à certaines idées reçues.

Bref il y a aux yeux des analystes comme une rupture de confiance, qui fait craindre le retour de la guerre comme moyen de faire bouger les lignes. Ce que pourrait du reste suggérer à certains esprits le bilan somme toute discutable de huit mois de programme Amani. Les groupes armés sont toujours opérationnels. Les réfugiés et les déplacés n’ont pas rejoint leurs milieux naturels.

L’armée est toujours loin de l’intégration souhaitée, et les leaders des différents mouvements qui opèrent sur le terrain n’ont pas le sentiment d’avoir ni tiré les dividendes politiques ni les garanties sécuritaires et judiciaires, en termes d’amnistie, de leur signature de l’Acte d’engagement.

Pour les observateurs, les questions soulevées par Babacar Gaye ont, au minimum, un mérite. Elles apportent non seulement des réponses à certaines interrogations de l’opinion, mais elles jettent aussi et surtout un nouvel éclairage sur ce que pourrait être, dans les jours et semaines à venir, la doctrine de la Communauté internationale face à la crise de l’Est de la RD Congo.

En d’autres termes, la crainte serait de voir Nkunda s’investir dans un activisme pour le moins intéressé sinon opportuniste au profit d’une nouvelle dynamique que ne dédaignerait pas nécessairement la Communauté internationale, et qui serait l’expression de la lassitude de cette dernière face à l’absence de progrès concrets non seulement dans l’ensemble du processus de paix mais aussi et surtout dans la mise en œuvre du programme Amani, dont les animateurs sont de plus en plus accusés de s’embourgeoiser.

Le pavé de Kagamé

De là à opposer l’absence de volonté politique de la part de Kinshasa à la capacité d’organisation dont ferait montre le CNDP dans les zones sous son contrôle, ou encore au manque de garanties sécuritaires pour les réfugiés et les déplacés, on se retrouverait, brutalement, devant l’hypothèse d’un Kosovo à la congolaise comme aire d’expression et de sécurité pour les minorités à tort ou à raison considérées comme brimées dans un ensemble qui leur serait globalement hostile.

On comprend donc comment et pourquoi le chef de l’Etat rwandais a jugé utile d’enfoncer le clou dans un contexte qui a tendance à mettre en avant ce qu’il appelle déficit de management, absence de volonté politique et excès de manipulation de la part des autorités congolaises.

Au demeurant, tout porte à croire, en lisant l’interview que le leader rwandais vient d’accorder au quotidien bruxellois « Le Soir », que ce dernier connaît bien le Congo et les Congolais, leurs points forts mais surtout leurs grandes faiblesses.

Que Paul Kagamé tout comme Laurent Nkunda sait lire les tendances en cours au sein de la Communauté internationale, au point qu’il n’a pas hésité à jeter un véritable pavé dans la mare afin de susciter un nouveau rapport de force qui lui serait favorable ou, à tout le moins, qui aiderait à fragiliser la position des autorités congolaises.

Lesquelles lui ont fait une sorte de cadeau en n’affichant pas leur solidarité avec les victimes du crash de l’avion des humanitaires à Bukavu, et surtout en ne prenant pas des gants pour se lancer dans une nouvelle série d’attaques verbales contre la mission de l’ONU en RDC.

Le nouvel appel de l’Est pourrait donc être la confirmation de l’impuissance des Congolais face à la crise. Mais aussi l’expression d’une volonté délibérée de certains acteurs de faire bouger les lignes en leur faveur.



Kenge Mukengeshayi

Published By www.KongoTimes.info

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