Kadhafi expulse tous ses clandestins!
OUAGADOUGOU (AFP) — Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a averti vendredi à Ouagadougou qu'il y aurait "plusieurs Darfour" en Afrique si le continent ne s'unit pas rapidement mais, dans le même temps, la Libye a décidé d'expulser tous ses immigrés clandestins, essentiellement africains.
Son discours comme "invité spécial" du sommet des chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays), qui a pris fin dans la soirée, a complètement éclipsé les autres thèmes: processus de paix en Côte d'Ivoire, Accords de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne...
"L'Etat nation va disparaître. On ne peut plus, en tant que petites entités, relever les défis. Si elle continue, l'Afrique va voir ses Etats nations aller à la perdition", a estimé le dirigeant libyen dès l'ouverture du sommet.
"L'Afrique va devenir un terrain de conflits, de luttes tribales et les Etats du monde vont intervenir encore une fois pour assurer leurs intérêts", a-t-il ajouté
"Le Darfour (Soudan) en est un exemple mais c'est contagieux. Il y aura plusieurs +Darfour+ en Afrique. Et au Kenya (secoué par des violences post-électorales, ndlr), la lutte est en train de devenir ethnique, tribale car l'Etat n'est plus capable de répondre aux défis", a-t-il poursuivi.
"Le Soudan n'est plus à même de répondre aux défis qui se posent au Darfour, c'est ce qui a conduit à l'intervention internationale", a-t-il affirmé.
Le conflit du Darfour et ses conséquences ont fait, selon des organisations internationales, quelque 200.000 morts en près de cinq ans et 2,2 millions de déplacés sur une population de six millions de personnes. Khartoum conteste ces estimations, parlant de 9.000 morts seulement.
Une force conjointe Nations unies - Union africaine (Minuad) est en train de se déployer dans la région. Elle ne compte pour l'heure que 9.000 éléments mais doit devenir à terme la plus importante mission de maintien de la paix de l'ONU, avec quelque 26.000 membres.
Présentant une nouvelle fois sa vision des "Etats unis d'Afrique", considérée comme utopique par de nombreux observateurs, le dirigeant libyen, assis à la droite du président burkinabè Blaise Compaoré, président en exercice de la Cédéao, n'a pas dit un mot sur les expulsions de clandestins de Libye.
Riche Etat pétrolier peuplé de seulement six millions d'habitants, la Libye a annoncé mercredi le lancement d'une vaste opération de "regroupement et de rapatriement immédiat de tous les immigrés clandestins", qui sont essentiellement africains.
En marge du sommet, le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso s'est prononcé contre des "expulsions massives". Ses homologues du Niger et du Mali ont regretté ne pas avoir été consultés par les autorités libyennes sur cette question sensible.
Le président Compaoré a été reconduit pour un an à la tête de la Cédéao.
Et les chefs d'Etat se sont entendus pour organiser d'ici fin mars à Bamako (Mali) une conférence sur la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, soulignant leur "vive préoccupation" concernant la situation dans le nord du Mali et du Niger, en proie à des rébellions touareg.
Outre M. Kadhafi, sept chefs d'Etat ont participé au sommet: Blaise Compaoré (Burkina), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia), Amadou Toumani Touré (Mali), Abdoulaye Wade (Sénégal) et Ernest Bai Koroma (Sierra Leone) ainsi que Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire) et John Kufuor (Ghana), également président en exercice de l'Union africaine (UA).
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