mardi 1 mai 2007

L'afrique qui gagne

« Success Africa », ou l’histoire d’une Afrique qui réussit
Une brochure du Bureau international du travail met en lumière des initiatives qui marchent

L’Afrique innove pour rendre le travail décent. Avec un certain succès. Le Bureau international du travail (BIT) a compilé quelques initiatives qu’il juge prometteuses afin de montrer que, si le secteur de l’emploi n’est pas florissant, il peut être prometteur. Précisions de Jürgen Schwettmann, directeur du bureau du BIT pour la République unie de Tanzanie, le Kenya, la Somalie et l’Ouganda.


vendredi 27 avril 2007, par Habibou Bangré 0 réaction


Par notre envoyée spéciale à Addis-Abeba

Faire d’un enfant soldat un entrepreneur en République Démocratique du Congo. Lutter contre le sida dans le monde du travail grâce à des coopératives en Ethiopie. Apporter une protection sociale aux travailleurs du secteur informel du Bénin… Voilà des initiatives qui donnent un visage plus positif du travail en Afrique. Un visage que le Bureau international du travail (BIT) a mis en lumière dans la brochure Success Africa. Elle présente 38 actions, que le BIT a pour la plupart initiées, qui sont basées sur la promotion du travail décent. Le directeur du bureau du BIT pour la République unie de Tanzanie, le Kenya, la Somalie et l’Ouganda, Jürgen Schwettmann, a accordé quelques minutes à Afrik pour expliquer pourquoi est né Success Africa et ses ambitions.

Afrik.com : Qu’est-ce qui a motivé le lancement de la brochure Success Africa ?
Jürgen Schwettmann :
Nous voulions montrer que tout n’est pas négatif en ce qui concerne l’Afrique et qu’il y a des initiatives de création d’emploi qui peuvent marcher. Nous voulions partager ces expériences avec les autres, qu’ils communiquent et que, par exemple, les gens d’Ouganda sachent ce qui se fait à Madagascar.

Afrik.com : Comment est née la brochure ?
Jürgen Schwettmann :
Elle est née en 2004. Pour la première édition, nous (l’une des équipes qui a préparé le Sommet extraordinaire de l’Union Africaine de Ouagadougou de 2004, ndlr) avons demandé au BIT de nous fournir ses success stories. La production et la publication a surtout été faite en Europe. En revanche, pour la deuxième édition, nous voulions faire quelque chose de 100% africain. Donc nous nous sommes tournés vers une imprimerie tanzanienne, qui est elle-même un exemple de success story de l’édition de 2004 : elle montre comment une petite entreprise peut survivre dans un environnement compétitif. La traduction anglais-français a été faite à Dakar et ce sont nos treize bureaux d’Afrique qui ont fourni les histoires.

Afrik.com : Certains des modèles ont-ils été reproduits dans d’autres pays ?
Jürgen Schwettmann :
Oui, il y a quelques exemples. En Somalie, dans la capitale, nous avons reproduit un système de collecte des ordures, basé sur un partenariat entre les services public et privé, qui était déjà en cours dans plusieurs pays. C’est l’un des rares projet du BIT, et même des Nations Unies, qui se met en place à Mogadiscio malgré le contexte. Nous essayons aussi de reproduire ce système de collecte, qui est un véritable problème dans beaucoup de pays d’Afrique et d’Asie, dans tous les pays autour du lac Victoria (Kenya, Ouganda, Tanzanie, Burundi, Rwanda).

Afrik.com : Cette initiative génère-t-elle des emplois ?
Jürgen Schwettmann :
Oui, des emplois directs et indirects. Car, s’il y a la collecte des ordures, le triage…, il y a aussi le recyclage, quand c’est possible. Donc parfois nous arrivons à produire du compost, que nous vendons aux maraîchers autour des villes.

Afrik.com : Avez-vous un exemple de production qui marche bien ?
Jürgen Schwettmann :
Une femme d’ambassadeur qui vit en Tanzanie s’est rappelée que, quand son mari était ambassadeur au Ghana, il y avait une femme qui recyclait les bouteilles de bière en bijoux. Le groupe des femmes d’ambassadeurs a financé le voyage de cette femme à Dar-es-Salaam et elle a assuré une formation pendant deux semaines. Aujourd’hui, une vingtaine de Tanzaniennes font ces bijoux tous les jours.

Afrik.com : Le BIT aide-t-il ces femmes, et les autres personnes qui confectionnent des produits, à commercialiser leur travail ?
Jürgen Schwettmann :
Dans le cas de ces femmes, nous ne l’avons pas fait. Mais il y a un fort mouvement de coopératives en Afrique, que je connais bien puisque j’ai travaillé 25 ans dans ce domaine. Souvent, ce sont les coopératives qui ouvrent les marchés.

Afrik.com : A terme, qu’espérez-vous de Success Africa ?
Jürgen Schwettmann :
Mon objectif, qui est peut-être un rêve, n’est plus seulement d’avoir une publication, mais une sorte d’institution rattachée au bureau régional ou aux Nations Unies. Il collecterait toutes les histoires qui se passent en Afrique, analyserait ce qui marche, trouverait comment amplifier les avantages de telle ou telle méthode et la rendre reproductible ailleurs… Il pourrait aussi financer les études d’un pays à l’autre pour regarder ce qui se fait et envoyer quelqu’un qui a réussi dans d’autres pays pour qu’il explique dans d’autres son initiative. L’aide se ferait uniquement du Sud au Sud, et pas du Nord vers le Sud comme cela se fait habituellement. Ce ne serait pas cher et l’impact serait considérable.

A lire aussi :

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