samedi 15 décembre 2007

La surpopulation africaine

Enseignant des sciences de la population a l’université John Hopkins de Baltimore (Usa), il s’inquiète pour l’avenir du continent
L’Afrique aura 1,9 milliards d’habitants dans moins de 50 ans. Faut-il se réjouir ou avoir peur de cette échéance ?

Evidemment qu’il faut avoir peur de ce chiffre. Comment l’Afrique va-t-elle nourrir cette population ? Déjà aujourd’hui, certains pays ne parviennent pas à nourrir leur population, qu’adviendra-t-il à cette échéance ? Ces pays vivent de l’aide alimentaire extérieure. Prenons le cas du Niger ; ce pays a connu une grave famine il y a deux ans seulement. Il a 14 millions d’habitants à ce jour et il vit sur une projection de 50 millions dans les 50 prochaines années. Si rien n’est fait là-bas, de quoi vivront les Nigériens ? Le Niger n’est pas seul à recevoir les céréales des Etats-Unis pour sa population ; les pays tels l’Egypte, le Mozambique, le Botswana, le Tchad, le Cameroun bénéficient également de ces dons alimentaires.

Tous les pays d’Europe n’ont pas l’auto suffisance alimentaire…

Vous voulez faire allusion à la Hollande. Mais ce pays a résolu ses problèmes alimentaires ; elle échange ce qu’elle a contre ce qu’elle n’a pas et cela fonctionne parfaitement. Les pays africains qui produisent par exemple l’or et le diamant pourraient s’inspirer de l’expérience hollandaise : qu’ils en échangent leurs minerais contre la nourriture.

Au cours de cette conférence à Arusha on prône les meilleures conditions de naissance et de vie ; toutes ces mesures qui accroîtraient la démographie et prolongeraient la durée de vie. Ce discours n’est-il pas à l’opposé de vos thèses ?

Dans les mathématiques de base, on évoque le taux d’accroissement. Cela signifie en gros que, une population, qu’elle soit humaine ou animale, sur le long terme, son taux de croissance doit être égal a zéro. Si les éléments objectifs qui soutiennent cette croissance sont négatifs, cette population sera appelée à disparaître ; dans le cas contraire, elle pourra croître à l’infini. Quelle population, dans sa croissance peut-on soutenir en Afrique et avec quels moyens ?
Il faut réguler la population africaine à 2 ou 3 enfants par famille, c’est une des solutions, mais est-ce possible avec les mentalités du continent ? Au Niger, on retrouve des familles polygamiques avec plus de 8 enfants par femme ! C’est dangereux.

Les enfants c’est la richesse en Afrique…A-t-on coutume de dire.

Cela serait acceptable en zone rurale ou on survit de l’agriculture. Ce n’est pas possible à Lagos, à Accra, à Douala ou Johannesburg ou la croissance est rapide pour des raisons que vous connaissez.

Il faut donc arrêter de procréer en Afrique ?

Je ne le dis pas. Je dis qu’il faut encourager les méthodes contraceptives ; étendre l’éducation sexuelle et décriminaliser l’avortement. La Chine est très peuplée. Elle a limité les naissances à deux enfants maximum par famille. On a éduqué les gens en Chine à faire un enfant pour la nation et non pour la famille. Cette culture serait-elle possible en Afrique ? Je ne le pense pas.

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