mardi 10 avril 2007

Biocarburants : crime contre l’humanité ?

Biocarburants : crime contre l’humanité ?

Quand Fidel Castro s’en prend aux biocarburants ...

D’aprés Fidel CASTRO, cité la semaine dernière, les Etats-Unis condamnent, avec leur nouvelle politique de production de biocarburants, "à une mort prématurée par la faim et la soif plus de trois milliards de personnes dans le monde".

Malheureusement, les dictateurs n’ont pas toujours tort... Nous sommes en effet en train de commettre les mêmes erreurs que dans le passé avec le pétrole !

En apparence, la solution semble idyllique : non seulement économiquement et politiquement les biocarburants représenteraient la fin de la dépendance énergétique des pays consommateurs, la fin du méchant et puissant lobby pétrolier, une rente supplémentaire pour le milieu rural qui en a malheureusement souvent besoin, mais aussi la possibilité de maintenir notre mode de vie actuel basé sur l’utilisation de véhicules particuliers. Ne nous y trompons pas : même si celà coûtait 2 fois plus cher que le pétrole, voire encore beaucoup plus : si cette solution était réellement écologique et durable, je serais le premier à m’en réjouir.

Au brésil, un grand pourcentage des voitures individuelles roule à l’alcool de canne à sucre depuis 1975. D’aprés le site FUTURINC (http://www.futurinc.lautre.net/article.php3 ?id_article=59) "chaque litre d’éthanol produit 13 litres de résidus hautement polluants et rejetés dans les cours d’eau ". Pire, toujours d’aprés le même article : "grassement subventionnée, la culture de canne à sucre s’est répandue sur toutes les terres disponibles. Sinon plus. Profitant en priorité aux grands propriétaires terriens et bousculant l’agriculture vivrière des petits exploitants." Les biocarburants (à base d’huile de palme) participent même déjà à la déforestation dans certaines parties du globe. La planéte a déjà du mal à nourrir une population de plus en plus nombreuse : les surfaces cultivables ne sont pas infinies et la seule façon de les augmenter est de défricher encore plus de forêts. Dans ces conditions, cultiver des plantes pour en faire du carburant ne sera jamais rien d’autre qu’un crime contre l’humanité tant qu’il y aura des personnes sous-alimentées sur terre.

Dans le numéro de février 2007 du mensuel "Science et Vie", page 45, dans l’article consacré aux biocarburants, une comparaison est faite entre production d’essence sans plomb et production de super-éthanol :
"il faut 1,15 Mégajoules d’énergie fossile pour disposer de 1 mégajoule d’essence sans plomb [...] d’aprés une étude du Joint Research Center" dans son réservoir contre 0,84 Mégajoules pour le super-éthanol. Reprenons le calcul : avec l’énergie fossile nécessaire pour obtenir 1 Mégajoules de super-éthanol, nous aurions pu obtenir 0,73 Mégajoules d’essence sans plomb : trés exactement 27 % de gain. Rien de révolutionnaire, d’autant plus qu’avec 1 Mégajoules de super-éthanol, on fait moins de kilomètres qu’avec 1 Mégajoules de super sans plomb. Ce gain peut être simplement obtenu en fabriquant des moteurs plus efficaces, moins gourmands et en poussant les gens à éviter de prendre la voiture quand celà est possible ! Nous sommes loin d’une révolution dans ce cas de figure...

Il existe des moteurs en céramique, au rendement bien supérieur aux moteurs en métal. Le rendement est en effet fonction de la température de combustion, et celle ci peut être bien plus élevée quand le matériau supporte des températures plus hautes ! Pourquoi ne pas développer de tels moteurs ? N’existent-ils pas déjà dans les cartons des fabriquants ?

Dans sa Chronique environnement du 7 octobre 2006 sur France Info, Nathalie FONTREL reprend à juste titre les propos de la ministre de l’écologie Nelly OLLIN : je cite :
<< "Non je n’irai pas au salon de l’auto" dit la ministre de l’écologie. En ajoutant "Je n’y ai rien à y faire tant que la question de la circulation des voitures en France sera traitée de façon aussi légère". >>
La journaliste explique les propos de la ministre :
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Elle précise enfin l’impossibilité concrète de recourir aux biocarburants en France :
<< Imaginons que l’on consacre 20% de la surface agricole utile aux cultures énergétiques, on produira 10% des carburants consommés en France. >>

Dans son ouvrage "Mal de Terre", Hubert Reeves, le célèbre scientifique, reprend ces statistiques effrayantes : "La production mondiale de céréales a commencé à décroître en 1984, tombant de 342 kilos à 308 kilos par personne entre 1984 et 2000. [...] Plus de 60 000 kilomètres carrés de terres arables [...] disparaissent chaque année."
J’ajouterai que constat vaut pour tous les pays, tous les climats et toutes les types de cultures. L’agriculture demeure bien-sûr indispensable à notre survie, on ne peut donc éviter ses inconvéniants mais nous devons à tout prix réduire ses effets néfastes en recourrant à une agriculture raisonnée, qualitative et non seulement industrielle et quantitative. Ma seule remarque, c’est que les biocarburants ne sont pas indispensables à notre survie, et donc que rien ne justifie leur production à un tel prix écologique et humain. Les paysans sont le seul corps de métier qui soit absolument vital pour nous : ils méritent des revenus décents et la plus haute considération. Certains pensent que les cultures énergétiques pourraient les sortir d’un mauvais pas économique mais c’est la société qui se trompe et qui doit leur assurer de bonnes conditions de vie, en leur permettant de respecter leurs terres, notre terre, et la nature.

La seule et vraie solution au problème de l’énergie est de cesser la surconsommation. La voiture particulière a été un véritable désastre humanitaire et écologique : accidents, pollution et une immense soif d’energie. A tel point qu’en 200 ans l’humanité aura dépensé les ressources pétrolière que la nature a mis des millions d’années à nous offrir ! Réduire les déplacements individuels, utiliser les modes de transport doux (vélo marche à peid) et les transports en commun, voilà la seule véritable et définitive solution. De toute façon, un jour ou l’autre, s’il faut choisir entre manger et rouler en voiture, la choix sera vite fait, alors autant le faire tant que ce choix reste confortable et avant qu’il ne soit trop tard...

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